C’est dans une ambiance à la fois bon enfant et sérieuse que s’est clôturé, ce dimanche, la deuxième édition du Salon international des dattes (SID), organisée du 10 au 13 novembre à Erfoud. Une dizaine de pays, représentant principalement le monde arabe s’affichaient clairement comme de sérieux concurrents du royaume dans la filière «dattière». Le Maroc ne figure qu’au 8e rang mondial, avec 3 % de la production moyenne. C’est dire si le pays a du chemin à parcourir pour retrouver le rang – numéro trois de la production mondiale – qu’il occupait il y a plus d’un siècle…
Nouveau laboratoire
À vrai dire, la relance de la datte marocaine dépasse le cadre agricole stricto sensu, puisqu’elle passe par la lutte contre les maladies végétales et la désertification, la recherche appliquée, etc. C’est en ce sens que vient de voir le jour, à Er-Rachidia, un laboratoire national de culture des tissus du palmier dattier. Le roi a présidé l’inauguration de ce laboratoire, quelques heures à peine avant de donner le coup d’envoi du SID 2011. Fort d’un investissement de plus de 30 millions de dirhams, le labo’ comprend, entre autres équipements, huit salles de culture in vitro.
Il se trouve que l’une des ambitions majeures du contrat-programme pour les dattes est la multiplication du nombre de fermes de plants de dattiers in vitro.
Précisément, Les Riads du Tafilalet, l’un des exposants les plus en vue au SID 2011, est à la pointe en matière d’acquisition et de développement de vitroplants. Cette ferme pilote, implantée dans la région d’Erfoud, se fournit auprès de Palmagro Biotechnologies, société à cheval sur la Franceet le Maroc, et disposant d’un laboratoire à Biougra, dans le Souss. Pour le ministère de l’Agriculture, Les Riads du Tafilalet «est le type de projet à généraliser dans toutes les régions productrices».
En aval aussi, la filière génère des besoins. Capman a tenu un stand mettant en avant ses produits et techniques de conditionnement, appliquées aux dattes : une thermofilmeuse, par exemple. «Il s’agit d’aller vers la fin des caisses en bois et autres sacs
archaïques», nous confie un agent commercial de l’entreprise.
Du côté étatique également, on mise sur le contenant. La Maison de l’artisan a ainsi placé dans sa vitrine de l’artisanat destiné notamment aux dattes, sous forme de présentoirs à base de tissu végétal issu du palmier dattier.
Le conditionnement – au sens large –, élément capital de l’acte d’achat… Les Domaines Belhassan l’a bien compris. Cette société, fondée cette année à Erfoud, a présenté à son stand des dattes emballées de façon esthétique et pratique. En termes d’activité générale, «Les Domaines Belhassan projette de lancer prochainement une unité de traitement, avec, à la clé, la création d’une cinquantaine d’emplois», nous indique le jeune DG, Mohamed Abdelbar Belhassan.
Coopération maroco-japonaise
Passer de l’économique au social, et réciproquement, à travers l’activité «dattière» notamment, c’est essentiellement la mission du programme de coopération maroco-japonais, tel que décliné au niveau de la Province. « Ce programme a le mérite de valoriser des produits du terroir comme les dattes dans un milieu très pauvre, enclavé, oublié…», témoigne Lahsen Kabiri, universitaire très actif dans le travail associatif. Le stand dédié a eu un succès étonnant auprès des plus simples visiteurs…
3 QUESTIONS À …
Hicham Saoud, directeur régional de l’Onssa* (Meknès-Tafilalet).
Qu’implique, pour la filière des dattes, la loi sur la sécurité sanitaire promulguée en mars dernier et son récent décret d’application ?
L’entrée en vigueur de cette loi entraînera une mise à niveau sanitaire des unités de transformation et du conditionnement des dattes, qui doivent se conformer aux dispositions de cette loi en matière d’hygiène des locaux et du personnel, de l’étiquetage…
Quel impact ce dispositif juridique aura-t-il sur la filière ?
Du fait de ses missions régaliennes, l’Onssa veille à la préservation du patrimoine végétal et au contrôle sanitaire des produits alimentaires tout au long de la chaîne alimentaire. En d’autres termes, le contrôle dans cette filière s’exerce d’abord en amont, par le contrôle des intrants – fertilisants – et par un contrôle, à tous les stades, de la production et de la commercialisation des plants de palmiers dattiers – contrôle au laboratoire, contrôle au champ et contrôle a posteriori –, pour garantir l’état sanitaire et l’authenticité variétale de ces plants.
Ensuite, le contrôle phytosanitaire entrepris par les services de la Protection des végétaux de l’Onssa a pour objectif d’éviter l’introduction sur le territoire national de nouveaux organismes nuisibles de quarantaine, potentiellement dangereux pour cette filière de production. En cas de crise phytosanitaire – cas du charançon rouge à Tanger en 2009 –, l’Onssa a démontré sa capacité de mobilisation et d’efficacité.
Comment s’effectue le contrôle, par l’Onssa, des dattes en tant que produit alimentaire ?
Il est effectué d’abord à l’importation, selon une procédure dédiée, et aux postes frontaliers. Ainsi, fin juillet 2011, 27 300 tonnes de dattes au total ont été contrôlées ; 288 tonnes d’entre elles ont été refoulées.
Le contrôle au niveau du marché local permet de s’assurer de la salubrité des dattes commercialisées au niveau de points de vente.
Il est à signaler que les dattes produites localement se vendent en majorité en vrac. Une faible quantité de ces dattes est destinée aux unités de transformation sises à Rachidia et à Zagora, pour la transformation en sirop, pâte, confiture de dattes…
* Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires.
Les nouveaux défis de la filière dattes
Dominique CLAUDON Publié dans Le Soir Echos le 14 – 11 – 2011